lundi 15 mars 2010

Retour le colloque du PQ : utilisation du web, création de richesse, éthique et SPQ-Libre

Dimanche s'est clôt le colloque du Parti Québécois, tenu à Lévis, sur le thème de la création de la richesse. On en retiendra surtout la fin de la représentation officielle du SPQ-Libre au sein des instances péquistes ainsi que les attaques de Pauline Marois contre l'intégrité de Jean Charest et le système de financement du PLQ. J'y reviendrai plus loin.

Utilisation du web

D'abord, rappelons que j'ai participé à ce colloque non pas en tant que délégué (je n'avais donc ni droit de parole ni vote) mais plutôt en tant que blogueur. Je le souligne parce que cela témoigne d'une évolution importante de l'utilisation que fait le PQ du web. Sur Twitter, le hashtag #colloquepq permettait de suivre en temps réel les débats qui étaient relayés par des blogueurs sur place. À l'extérieur, partisans et adversaires du PQ participaient aussi à la discussion. Cela démontre que le PQ prend au sérieux le web et entend l'utiliser pour promouvoir ses idées mais surtout pour échanger avec d'autres utilisateurs. En tant que geek et péquiste, je ne peux que m'en réjouir.

Virage à droite?

Le colloque portait sur la création de la richesse. D'aucuns en auront rapidement conclu que le PQ prenait un virage à droite. Pour les partisans de Québec Solidaire, le PQ a tout simplement abandonné la justice sociale pour créer de la richesse.

L'allégation du virage à droite constitue certes un raccourci sans nuance, mais il reflète une certaine réalité. Le PQ s'est effectivement éloigné d'une certaine gauche depuis l'arrivée de Pauline Marois à sa tête. D'abord, avec l'affirmation identitaire, il s'est distancié d'une certaine gauche multiculturaliste, représentée activement par Québec Solidaire et aussi par le PLQ. Ensuite, avec la modernisation de la social-démocratie et la promotion d'une politique efficace de création de richesse. Sans constituer un virage à droite, ces deux politiques représentent une tendance centriste qui est à mon avis salutaire pour le PQ, tant dans sa volonté de reprendre le pouvoir que dans celle de faire l'indépendance du Québec.

Parce que quoi que puisse en penser les gens de Québec Solidaire ou encore Jean-Pierre Fortin des TCA, le PQ est, depuis ses origines, une coalition souverainiste regroupant la gauche, le centre et la droite. Josée Legault le rappelle d'ailleurs sur son blogue.

J'ai déjà écrit que la division des indépendantiste sur l'axe gauche-droite était une erreur non seulement stratégique, mais surtout un non-sens politique : un pays démocratique ne peut se définir pour toujours de gauche ou de droite. Ce sont les électeurs qui, à chaque cycle électoral, décident de l'orientation pour les années à venir.

Dans cette optique, la déclaration de Jean-Pierre Fortin à l'effet qu'il ne voudrait pas d'un Québec indépendant de droite, laisse perplexe. Cela signifie-t-il qu'à l'instar d'Amir Khadir, ce dernier serait prêt à renoncer à l'indépendance du Québec si le Canada était suffisamment à gauche? Ou encore qu'advenant notre accession au statut de pays souverain, il serait prêt à renier sa patrie si elle envoyait au pouvoir un gouvernement de centre-droite? Venant de quelqu'un qui s'affiche comme indépendantiste, c'est un raisonnement pour le moins saugrenu.

Personnellement, je me réjouis du virage pro création de la richesse entrepris par le PQ. Il n'y a tout simplement aucune raison d'opposer enrichissement collectif et individuel : ce ne sont que deux facettes d'une même médaille. Un individu qui s'enrichit contribue à la prospérité de tous par sa consommation, ses investissements et les impôts qu'il paie. À l'inverse, une nation plus prospère contribue favorablement à la richesse des individus en leur offrant une meilleure santé, une meilleure éducation, etc.

Cette position pragmatique est attaquée autant par la droite qui n'en a que pour les individus que par la gauche qui n'en a que pour le collectif. C'est le signe que le discours péquiste est exactement là où il doit être car il dérange nos adversaires.

SPQ-Libre

C'est dans cette foulée qu'est venue la décision de l'exécutif national, conformément aux statuts et entérinée par un appui massif des délégués, de ne pas reconduire la reconnaissance officielle du SPQ-Libre au sein des instances péquistes.

D'emblée, cette décision était la bonne. Les dirigeants du SPQ-Libre ne pouvaient tout simplement pas s'attendre à ce que le parti ne réagisse pas à leurs attaques frontales. Le présence du SPQ-Libre, ou d'autres groupes politiques, aurait pu être possible et viable si leur rôle s'était limité à débattre de leurs idées à l'interne, dans les instances du parti. Mais accorder des entrevues aux médias pour délibérément attaquer le parti et la chef, c'était aller trop loin. Le fait que la résolution de l'exécutif national ait été soutenue par une majorité importante de délégués démontre bien que les militants de la base étaient tout aussi irrités que la direction du parti du comportement fort peu solidaire du SPQ-Libre. Bref, étant donné les déclarations hubristiques de Marc Laviolette, cette décision était écrite dans le ciel.

Éthique

Sur un autre sujet, je veux aussi souligner que j'ai apprécié le ton beaucoup plus mordant qu'à affiché Pauline Marois au sujet du financement du PLQ. Le gouvernement est de plus en plus isolé dans son refus d'ordonner la tenue d'une enquête publique sur la corruption qui gangrène le Québec en matière de contrats de construction et de financement de partis politiques. L'obstination bornée de Jean Charest en cette matière ne peut être motivée, en dernière analyse, que par une volonté de protéger certains intérêts. S'il n'avait rien à cacher, il n'aurait tout simplement rien à perdre à aller aux fonds des choses, comme le demande une grande majorité de Québécois. La réalité, c'est que comme l'a suggéré Pauline Marois, Jean Charest a probablement peur de mordre la main qui le nourrit.

Quoi que puisse en penser André Pratte, ce sont là des questions que se posent de nombreux Québécois.

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